Mouvement perpétuel

La pause ne fut que de très courte durée ; la campagne repart. Normal, direz-vous, les législatives étaient prévues de longue date. Mais non, je ne veux pas parler de ces élections proches dont on connaît déjà le vainqueur – l’UMP et son nouvel avatar « le Nouveau Centre » vont rafler la mise pour le bonheur de notre deus ex machina qui va à lui seul résoudre tous les problèmes des Français – et le grand perdant : le Modem orange et bas débit rabaissé en une sorte de « crétin.fr » sympathique mais inefficace et qui méritait pourtant mieux.

Non, la campagne qui a débuté est celle de l’élection présidentielle 2012, et pendant que Ségolène, François et Marine sont en train d’assembler leurs starting blocks,  Nicolas s’élance déjà dans son style inénarrable pour une seconde victoire. Car, s’il y a quelques années on avait coutume d’ironiser sur le foot en disant que c’était le sport où les Allemands gagnent à la fin, l’élection présidentielle risque fort de devenir la discipline où le vainqueur est de toute façon Nicolas Sarkozy !

Il est donc le premier à entrer en lice ; son quinquennat sera une longue campagne pendant laquelle il va nous persuader qu’il a fait ce qu’il avait dit, qu’il a réussi là où les autres ont échoué, que le chômage et la pauvreté ont été vaincus, que la dette a reculé, que l’insécurité s’est effondrée et que les immigrés ont reflué. Cinq années de joggings médiatiques, conférences de presse tapageuses, journaux télévisés Jean-Pierre-Pernautisés, couvertures de Paris-Match obséquieuses …

S’il fait réellement ce qu’il a dit – se limiter à deux mandats – cela ne devrait durer que ( !) dix ans. Mais en 2012, celui qui a inventé le mouvement perpétuel sera déjà en ordre de marche pour la campagne de 2017 ; et on peut lui faire confiance pour trouver l’argument qui justifiera cette troisième candidature : «oui, c’est vrai, j’avais dit que deux mandats c’était bien suffisant, mais que voulez-vous Ma’m Chabot ? Vous voulez que la France s’enfonce à nouveau dans le passé, l’immobilisme, le déclin ? Vous voulez que vos fils redeviennent chômeurs ?  Vous souhaitez que vos filles soient violées par les racailles ? Et bien moi, je ne le veux pas ! J’ai donc décidé, pour le bien de la France et parce que personne d’autre n’a jamais fait mieux que moi, de me présenter une troisième fois.». 

Celui ou celle qui veut essayer de le battre à gauche – ou au centre, tout droit, au fond du couloir à gauche – a bien du soucis à se faire ; car même en atteignant le niveau de préparation et le culot  du serial jogger, il ne sera jamais vraiment à armes égales avec lui. Un jour, heureusement, il se trouvera bien un traître pour l’arrêter dans sa course d’une façon ou d’une autre ; de préférence un de ceux que lui a trahis, et qui ourdira dans son ombre le complot qui lui fera perdre sa place.